Lavey-Morcles

L’architecture façonne des espaces qui s’inscrivent dans le temps et le contexte, révélant les rapports entre structure, usage et perception. Elle ne se limite pas à l’édification d’objets, mais s’articule autour des traces du passé, des dynamiques du présent et des besoins à venir. Chaque projet engage un dialogue entre matière et lumière, plein et vide, permanence et transformation. Loin de la standardisation, l’intervention architecturale révèle le potentiel des lieux, qu’il s’agisse de réhabiliter des structures existantes, d’intégrer le paysage dans la conception ou de repenser les espaces du quotidien. Entre intuition et précision technique, elle explore des solutions qui dépassent les contraintes pour offrir des réponses cohérentes, durables et sensibles à leur environnement.

À proximité d’un pont historique de l’ingénieur suisse Maillard (1872-1940) enjambant un bras du Rhône, la création d’un cheminement piéton et de mobilité douce a nécessité une intervention respectueuse du paysage et de l’existant. Une passerelle fine et aérienne a été conçue, s’accrochant aux talus bordant le Rhône sans entrer en concurrence avec l’ouvrage premier. Inspirée par les structures discrètes de l’ingénieur Jürg Conzett dans les Grisons, elle s’insère subtilement dans son environnement, prolongeant les lignes du relief sans altérer la lecture du site.

L’ouvrage repose sur l’usage du Béton Fibré à Ultra-Hautes Performances (BFUP), un matériau innovant qui permet d’atteindre une grande finesse structurelle tout en garantissant des performances mécaniques et une durabilité exceptionnelle. Cette approche réduit l’impact visuel et confère à la passerelle une légèreté apparente, dialoguant avec la robustesse du pont voisin. L’intervention ne se limite pas à une réponse technique : elle s’attache à enrichir l’expérience du passant, en transformant un simple passage en un moment suspendu, inscrit dans le paysage et la mémoire du lieu.

À travers cette conception, l’infrastructure dépasse sa seule fonction utilitaire pour devenir un fragment du territoire, un élément de continuité où se mêlent mouvement et contemplation. Chaque choix constructif et esthétique répond à l’enjeu d’une intégration cohérente, affirmant la passerelle comme une intervention minimale mais essentielle, un trait d’union entre ingénierie, paysage et usages contemporains.